Virginie Meneux, directrice au sein d'HEVEA, revient sur une décennie de partage entre les secteurs du handicap et de la protection de l’enfance. Elle évoque l’évolution d'une collaboration initialement marquée par des différences, aujourd'hui devenue une véritable force collective.
Handicap/protection de l’enfance : 10 ans de partage et d’engagement
2013: Trois associations se rencontrent et ne font plus qu’une.
Parmi l’une d’elles, 2 établissements relèvent de la Protection de l’enfance alors que l’ensemble des autres structures est centré sur l’accompagnement de personnes en situation de handicap.
On a beau dire, malgré des engagements similaires, des diplômes transverses, des valeurs communes, c’est tout de même le choc des cultures. Je me souviens de mes premiers CODIR (comité de Direction) durant lesquels je ne comprenais qu’un terme sur trois : ABA, SAVS, Snoezelen, MAPHA, emploi accompagné, AGIR, GOS, etc…
Comment me sentir à la bonne place avec mes pairs ? Comment soutenir les équipes et les conduire à ce sentiment d’appartenance associative ? Comment faire de ces différences une véritable richesse ? Comment trouver sa place dans une organisation largement représentée par le champ du handicap ?
La bienveillance et l’écoute de mes collègues me permettaient peu à peu de faire entendre la voix de la Protection de l’enfance, de donner à voir du travail des équipes en MECS (LE GALILE et DEMAIN) et centre parental (maternel à l’époque), d’exposer nos questionnements et d’engager des échanges qui allaient nourrir notre réflexion autour des enfants placés, des mineurs en danger et des familles en difficultés.
Apaisée par l’accueil réservé aux problématiques de notre secteur, nous travaillions de plus en plus autour de notions partagées et bien entendu la question de la vulnérabilité des publics était centrale pour tous.
2023: les années sont passées, les liens se sont développés, et nos réflexions ont largement évolué.
Les personnes accompagnées nous ont conduit à réfléchir ensemble. Dans nos équipes, l’expertise des uns venaient nourrir le travail des autres. Les connaissances de certains venaient aiguiller les actions à mener pour d’autres.
Les formations collectives partagées, les festivités HEVEA (de type la journée sportive), les commissions, les groupes de travail divers et variés, le CCRE ont permis aux différents professionnels de mieux se connaitre, d’identifier plus finement les missions de tous et d’échanger sur leurs pratiques et questionnements.
Aujourd’hui, de nombreux jeunes ont effectué des stages au sein des établissements du champ du handicap, plusieurs jeunes ou familles ont été accompagnés par deux services/établissements relevant des deux champs, certains ont pu mener de réels projets de vie grâce aux compétences des deux secteurs.
Les salariés eux-mêmes ont pu évoluer en découvrant de nouveaux services et ont « muté » dans un établissement relevant d’un autre champ.
A ce jour, nous sommes même dans l’élaboration d’un projet de service ou d‘établissement qui pourraient répondre aux besoins de publics spécifiques et qui relèverait du Handicap et de la protection de l’Enfance. Nous ne pouvons pas « saucissonner » les personnes en secteur d’activité, aussi nous pensons qu’il faut qu’une association puisse répondre de manière plus globale et plus entière.
HEVEA aujourd’hui est à l’image des réels besoins, et se veut dans un accompagnement de la personne en tant qu’unité et non pas en tant que secteur.
En plus, aujourd’hui, je comprends tout ce que mes collègues racontent en CODIR…
Virginie MENEUX - Directrice