Dans cet article, Nathalie Tarbouriech, psychologue à la Maison d'Enfants à Caractère Social MECS Le Galilée, et Daphné Thomasse, éducatrice spécialisée au Centre parental HEVEA, partagent deux expériences très différentes mais portées par une même conviction : l’activité, qu’elle soit culturelle ou sportive, peut devenir un puissant levier d’expression, de confiance et d’autonomisation.
A la MECS Le Galilée : l’art comme ouverture à l’inconnu
Il arrive de temps en temps que l’on amène des jeunes du Galilée (adolescents et jeunes adultes placés en MECS) faire une visite au musée.
Evidemment, aller au musée, visiter une exposition, ce n’est pas exactement se conformer à la culture de ses pairs pour un adolescent. Ils ne sont pas nombreux à répondre présent spontanément. Ces jeunes n’ont pas l’expérience des musées que leurs parents ou leur famille auraient pu impulser et qui pourrait susciter un intérêt. De plus, constatons qu’aller à une exposition pour voir des œuvres d’art n’est pas le support idéal de la sociabilité adolescente : nous sommes loin d’une certaine « culture jeune » transmise le plus souvent par les réseaux sociaux, qui participe à la construction de leurs goûts et de leurs pratiques.
Aussi si certains s’y rendent quand même c’est peut-être avant tout parce qu’ils ont confiance en leur accompagnants, peut-être veulent-ils leur faire plaisir, peut-être sont-ils quand même un peu curieux d’un petit voyage à Paris.
Donc au terme d’une intense organisation nous nous dirigeons vers un Paris que ces adolescents ne fréquentent pas habituellement.
Notons que ces visites n’ont pas de but didactique, scolaire ou thérapeutique. Il s’agit plutôt de les tirer vers l’inconnu, le nouveau, le surprenant. C’est pourquoi on les mène le plus souvent, mais pas seulement, vers de l’art moderne ou contemporain.
L’art peut être vu comme un « outil » d’émancipation, il propose une autre dimension de l’expression qui est parfois bizarre ou dissonante.
Tenter de les intriguer ainsi, c’est aussi tenter de les sortir un instant de leurs codes habituels, c’est susciter la curiosité, la controverse ou l’intérêt. C’est entrer en contact avec une autre subjectivité que la sienne, celle de l’artiste, qui nous dit sa perception et sa condition singulière.
En somme, au cours de notre sortie il y a le risque de se faire surprendre en petit groupe, ensemble, et partager nos réactions en silence ou en parlant. Et puis on se retrouve après, dans un café à échanger sur tout et rien, parfois sur ce qu’on a vu.
Nul ne sait ce qu’il en restera...
Nathalie Tarbouriech
Psychologue à la MECS Le Galilée
Au Centre parental HEVEA : l’escalade, un défi éducatif et relationnel
Au centre parental, nous accompagnons de jeunes parents à développer leurs compétences et leur autonomisation. Nous les soutenons dans leur parentalité et dans leur insertion sociale et professionnelle. Ce travail leur demande de l’engagement et les amènent à se confronter à leur fragilité pour les dépasser et avancer dans leur projet de vie.
L’activité sportive est un outil éducatif riche et pertinent. Elle permet d’éprouver physiquement la mise en mouvement. Elle transcrit et inscrit dans le réel, des éléments qui sont au cœur de la clinique éducative.
Ainsi, l’escalade est une activité pleine de sensations et d’émotions.
Grimper, c’est:
- Se dépasser pour arriver en haut, atteindre son but et pouvoir être fier de soi
- Se confronter à la prise de risque,
- Sortir de sa zone de confort
- Fournir des efforts
- S’engager personnellement pour avancer le plus haut possible
Partager cette activité avec les parents permet aussi de travailler leur capacité à faire confiance et à se saisir du soutien proposé pour se dépasser. En effet, l’escalade se pratique en binôme, l’un grimpe et l’autre assure (et rassure).
Comme dans l’accompagnement éducatif, cette relation offre alors la sécurité nécessaire pour prendre des risques, essayer différentes voies jusqu’à trouver celles qui permettent d’atteindre son but.
Daphné Thomasse
Éducatrice spécialisée au Centre Parental