Dans cet article, Adrien Beaumel, président de la Fédération régionale des dispositifs de ressources et d’Appui à la Coordination des parcours de Santé d’Ile-de-France (FACS IDF) et directeur du Dispositif d’Appui à la Coordination (DAC) 77 Nord, nous éclaire sur le rôle essentiel des DAC.
Le rôle des Dispositif d’Appui à la Coordination (DAC) dans la coordination des parcours de santé
Le parcours de santé d’une personne est rarement linéaire. Pour certains publics, notamment les personnes en situation de handicap, atteintes de maladies chroniques ou confrontées à des difficultés sociales, l’accès aux soins et à un accompagnement adapté peut devenir un véritable défi. Entre les différentes structures sanitaires, médico-sociales et sociales, il est parfois complexe de savoir à qui s’adresser, comment organiser un suivi coordonné et éviter les ruptures dans l’accompagnement.
C’est dans ce contexte que les Dispositifs d’Appui à la Coordination (DAC) peuvent jouer un rôle essentiel. Présents sur l’ensemble du territoire francilien, ils ont pour missions d’aider les patients et les professionnels de santé dans la coordination des parcours de santé individuels et d’améliorer et fluidifier les parcours de santé via leur action d’animation territoriale.
À la croisée des champs sanitaire, social et médico-social, les DAC franciliens sont regroupés au sein de la fédération FACS IDF.
En 2023, en consolidant les chiffres des 22 DAC et d’autres dispositifs de coordination (Centre Local d’Information et de Coordination CLIC, Pôles Autonomie Territoriaux PAT, Dispositif Spécifique Régional DSR et Dispositif d’Expertise Régional DER), plus de 100 000 personnes ont bénéficié de cet accompagnement.
La coopération autour des parcours de santé individuels : un enjeu pour les patients et leurs familles
Face à des parcours de santé de plus en plus fragmentés, la coopération entre les différents professionnels est indispensable. Pour une personne en situation de handicap, par exemple, l’accès à un médecin traitant ou à un spécialiste peut relever du parcours du combattant. Manque de praticiens formés, difficultés de mobilité, absence de coordination entre les acteurs : autant d’obstacles qui peuvent compromettre la prise en charge et nuire à la qualité de vie du patient.
Les DAC ont comme première mission d’informer et d’orienter vers les bonnes ressources du territoire et n’interviennent qu’en subsidiarité. Ils peuvent donc être appelés sans difficultés pour bénéficier a minima d’un conseil, d’un avis ou d’une orientation vers une ressource ou un dispositif adapté à la situation d’une personne, qu’elle soit atteinte d’une pathologie ou en situation de handicap.
Les DAC peuvent intervenir pour répondre à de nombreuses problématiques et sont spécialisés dans la coordination.
Au-delà de ce premier niveau de réponse téléphonique, ils peuvent aller plus loin dans l’accompagnement.
Après la réception d’une demande d’un professionnel de santé de ville ou en établissement, ou d’un aidant, les DAC pourront mobiliser leur équipe pluriprofessionnelle pour aller au domicile (ou sur le lieu de vie) pour analyser les différents besoins de la personne. À partir de là, un plan personnalisé sera établi et sera mis en œuvre autant que possible. Concrètement, cela peut se traduire par :
- L’inclusion de la personne dans un parcours de soins (prise de contact avec un service spécialisé, organisation de bilan en hôpital de jour …)
- La coordination des professionnels de l’hôpital, les professionnels libéraux et les structures médico-sociales pour éviter toute rupture de parcours (relier les différents mondes professionnels pour fluidifier leurs échanges au bénéfice de la personne)
- L’appui à la sortie d’hospitalisation pour anticiper les soins à domicile et organiser un suivi
En jouant ce rôle de facilitateur, les DAC peuvent soulager les familles, les aidants et les professionnels.
Il n’y a toutefois pas de miracle. Les difficultés du système de santé se répercutent directement sur les capacités d’action des DAC mais il y a malgré tout pour les personnes, l’assurance d’avoir une équipe de professionnels à leur écoute.
La coopération territoriale : un levier pour améliorer l’organisation des soins
Au-delà des situations individuelles, les DAC ont aussi un rôle structurant à l’échelle des territoires. En mobilisant les acteurs locaux, ils contribuent à la mise en place de dynamiques collectives visant à améliorer l’accès aux soins et l’accompagnement des patients.
Grâce à leur gouvernance représentative du système de santé et leur mission d’Observatoire des Ruptures de Parcours, les DAC ont la capacité de mobiliser les acteurs locaux autour de problématiques précises et de favoriser une approche collective des enjeux de santé.
Plusieurs projets concrets peuvent illustrer cette coopération et seront propres à chaque territoire ou département. Cela repose principalement sur l’envie de faire ensemble et sur le leadership pour mener ce travail.
Pourquoi renforcer cette coopération inter-champs ?
La coopération entre le sanitaire, le social et le médico-social ne doit plus être une option, mais une nécessité pour garantir des parcours de santé cohérents et fluides.
Pour les familles, cela signifie un accompagnement mieux organisé, avec moins de démarches complexes et un accès aux soins facilité.
Pour les professionnels, cela permet d’éviter les doublons, de mieux partager l’information et d’optimiser le suivi des patients.
Enfin, à l’échelle des territoires, une meilleure coordination contribue à réduire les inégalités d’accès aux soins et à améliorer la qualité de prise en charge des populations les plus vulnérables.
Dans un contexte où les parcours de santé deviennent de plus en plus complexes, les DAC apparaissent comme des acteurs incontournables pour structurer et renforcer ces coopérations.
Conclusion : vers une dynamique plus intégrée ?
L’expérience montre que lorsque les acteurs travaillent ensemble, les patients et leurs familles en bénéficient directement. Encourager la coopération inter-champs et renforcer l’articulation entre les DAC, les professionnels de santé et les structures médico-sociales doit donc être une priorité pour améliorer l’accompagnement des publics en situation complexe.
Reste une question essentielle : comment aller encore plus loin ?
Peut-être en s’inspirant d’autres secteurs, comme le médico-social, où des structures comme HEVEA ont développé des approches innovantes pour accompagner les personnes en situation de handicap. En croisant les expertises et en construisant des passerelles entre les différents acteurs, nous pouvons collectivement imaginer un système de santé plus inclusif, plus fluide et plus efficace.
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Adrien BEAUMEL
Président de la FACS IDF/Directeur du DAC 77 Nord