Très précocement afin d’assurer la réussite de la fusion, le recours à l’éthique s’est imposé comme la voie à suivre pour dépasser les difficultés originelles en se recentrant sur la qualité de l’accompagnement afin d’assurer la réussite de la fusion des 3 associations à l’origine de la création d’HEVEA.
La charte éthique : fondement et engagement collectif
Le premier moment de cette histoire a été la rédaction d’une charte éthique, c’est par elle que nous avons commencé ; son écriture a été collective et résulte d’un long travail de réflexion et d’échanges sur nos pratiques d’accompagnement dans les différents lieux HEVEA. Elle se résume en trois mots :
Bienveillance
Exemplarité
Coopération
Une Charte éthique c’est bien, on étale nos valeurs, on affiche un idéal de fonctionnement ; jusqu’ici rien de bien original, toutes les associations ont une ou des documents identiques.
Nous avons alors souhaité que cette charte ne reste pas dans les cartons mais qu’elle alimente nos réflexions et nos actions ; nous sommes par ailleurs persuadés que la réflexion éthique n’est pas une affaire de spécialistes ou d’experts qui viendraient nous dire ce qu’il faut penser et puis retourneraient chez eux tandis que nos professionnels reviendraient à leurs habitudes. Non l’éthique doit être vivante, quotidienne et devenir un réflexe devant des situations nouvelles, conflictuelles ou dérangeantes ; elle doit aussi questionner les pratiques traditionnelles, celles que l’on fait parce que on les a toujours faites ainsi.
Le CCRE : une instance de réflexion éthique vivante et participative
C’est ainsi qu’est née l’idée de créer une instance permanente de réflexion éthique : le CCRE ou Comité Consultatif de Réflexion Ethique.
Pour en assurer la qualité et la mise en œuvre pratique, le CCRE s’assure les services d’un professionnel de l’éthique extérieur à l’association et chargé d’une double mission : formation à l’éthique des nouveaux membres du comité (renouvelés tous les deux ans) et animation des réunions plénières du comité.
est donc une instance démocratique et participative, il comporte une vingtaine de membres volontaires et représentatifs des différentes catégories de personnes à HEVEA : administrateurs, cadres, et non cadres ; tous les établissements sont représentés.
réfléchit sur le sens de l’accompagnement et du soin, il aide à rester vigilant sur les relations entre les professionnels, les personnes accueillies et leurs familles ;il émet des avis à partir de questions émanant des équipes de terrain confrontées à des situations conflictuelles qu’elles soient exceptionnelles ou récurrentes.
est donc alimenté par les « saisines », c’est-à- dire des questions ; l’objectif est de dépasser les questions individuelles et d’étendre le questionnement à une réflexion éthique plus générale.
Le traitement de chaque question est long à travers un processus d’aller et retour entre un petit groupe qui réfléchit sur une saisine et le grand groupe qui valide la réflexion ; c’est d’abord une reformulation de la question puis une mise en perspective et enfin une réponse sous forme d’avis et de recommandations.
Le CCRE s’est interrogé à plusieurs reprises sur la participation des personnes accompagnées à ses travaux, la question est toujours en débat.
Vous aurez le loisir de découvrir les questions qui ont déjà été traitées par le CCRE, tant dans les ateliers qu’en exposition dans le théâtre. Des membres du CCRE sont là aussi pour en échanger. La journée d’aujourd’hui ÉTHIQUE et VIVRE ENSEMBLE a été voulue par le CCRE comme un temps fort de son action ; le CCRE ne prétend pas avoir trouvé la solution définitive et est intéressé à connaitre d’autres formes de réflexion éthique que d’autres équipes auraient déjà expérimentées.
Je vous souhaite une bonne journée, enrichissante et joyeuse.
Bernard SEJOURNET,
Vice-Président
Résumé de la conférence du matin: Qu’est-ce que l’éthique et quelle est sa place au sein des institutions ?
L’éthique est comme la prose de Monsieur Jourdain : nous en faisons tous, parfois sans le savoir. Ainsi, quand quelqu’un nous demande, au supermarché, s’il peut passer avant nous à la caisse, nous nous interrogeons sur la réponse qui convient, enjeu qui n’est pas technique ou juridique, mais bien éthique. Nous décidons en fonction d’une conception de la vie, en termes de désirs, de devoirs, d’intérêts... Les choses ont un sens, et il en va de notre estime de soi.
En contexte professionnel, nos convictions éthiques conditionnent notre engagement. Au fond, pour qui travaillons-nous ? Cette motivation nous guide dans la recherche d’une manière d’agir qui soit ajustée à la situation, en particulier pour ne pas être maltraitant ou humiliant à l’égard des personnes accompagnées. C’est d’autant plus nécessaire que notre époque nous plonge dans l’urgence permanente, nous confronte à des normes plus ou moins rigides et donne une importance croissante à la gestion, détournant parfois du sens de la mission.
Le souci de l’éthique ravive le questionnement sur les convictions, tout en ménageant la place du doute, qui ouvre à la discussion. Cette préoccupation attise le sens de la responsabilité de chacun, de la justice pour tous et de la justesse des postures en situation. Elle incite à préserver une continuité entre valeurs d’accompagnement et de management, et un climat de confiance qui autorise à inventer.
Pierre-Olivier MONTEIL,
Docteur en philosophie politique,
Diplômé de l’institut d’études politiques de Paris
Témoignages sur la journée éthique
« Concernant la « journée éthique », il est à noter que les organisateurs et les différents intervenants ont réussi à rendre vivant et plaisant un thème qui aurait pu en rebuter plus d’un. Thème plutôt périlleux car il s’adressait à un public hétéroclite avec des formations et des fonctions différentes, et il touche à nos pratiques, à la question de la morale, de la norme, du bien(faire) et à l’intime de notre engagement et de nos actions en tant que sujet et en tant que professionnel.
Point d’ennui, un accueil chaleureux, un contenu intéressant avec une bonne cadence. »
Nathalie TARBOURIECH
Psychologue
« La journée éthique organisée par Hevea a été une très bonne expérience pour moi, car elle m’a donné une belle image de l’engagement de votre association, de la direction générale et des professionnels pour la démarche éthique au sein de vos établissements.
Nous croyons que des évènements ponctuels comme le vôtre, d’une journée dédiée à l’éthique, peuvent renforcer les valeurs associatives.Nous avons constaté que tout au long de cette journée,les intervenants ont veillé à rendre accessible le concept d’éthique, en l’alliant à une applicabilité pratique et à des situations concrètes. Le ton, l’ambiance et l’humour (portée par les dessins de Pavo) tout au long de la journée étaient très bien équilibrés pour souligner que l’éthique mais quelque chose qui nous appartient à tous et fait partie de nos actions quotidiennes.
Il est aussi rassurant de voir que nous avons des défis similaires pour « faire vivre » ces instances au sein de nos établissements. Votre instance a été créée en 2016 (si je ne me trompe pas), cela veut dire que votre instance a une expérience plus importante que la nôtre à l’APED créée à la rentrée 2019. Pourtant, les obstacles rencontrés sont similaires, comme celui lié au temps et à la capacité des professionnels à se libérer pour participer à ces instances. De même, l’importance d’avoir le soutien des cadres et des directions des établissements pour que la réflexion éthique ait lieu au sein des équipes de « terrain » est aussi un défi pour nous à l’APED.
Nous croyons que la journée a été bien agréable à suivre grâce, entre autres, à ces modalités diversifiées (atelier, plénière, table ronde, etc.) qui étaient très bien réparties. La table ronde a été le lieu par excellence d’échanges alliant à la fois les expériences dans les domaines du médical et du médico-social.
La démarche de la réflexion éthique avance dans notre région du Val-d’Oise, et nous en sommes des acteurs, mais cette place doit encore être consolidée tantôt comme exigence sociale, et tout particulièrement dans l’accompagnement de personnes vulnérables. Ainsi la recherche de quête de sens, ressentie et exprimée par nos professionnels, devrait être un facteur favorisant cette progression dans notre secteur. Cela pourrait être un facteur permettant de combler l’écart actuel entre la représentativité de nos instances éthiques par rapport à celles du médical (voir aussi l’Annuaire des structures éthiques de proximité en Île-de-France).»
Viviane HORTA
Chargée de mission à l’APED Espoir
« Nous avons trouvé que cette journée éthique était une très bonne initiative de la part d’HEVEA, il est important de pouvoir se poser sur ce type de journée afin de pouvoir prendre le temps de réfléchir à nos pratiques professionnelles et à nos visions de l’éthique ainsi qu’à la façon dont on la met en application. Les diverses interventions étaient intéressantes.
Cela nous a permis de rencontrer les autres équipes de l’association afin de renforcer la cohésion associative. Nous soulignons l’importance des échanges entre les différents intervenants qui permettent de découvrir d’autres approches de la dimension éthique dans le travail médico-social. »
Élisa JULIEN,
Conseillère en Économie Sociale et Familiale
Stéphane VINCENT,
Chargé en Insertion Professionnelle
« La conférence plénière, menée par M. MONTEIL, était très intéressante, elle m’a permis de mieux comprendre le concept de l’éthique et de mieux en mesurer l’importance.
M. MONTEIL a su, par des exemples concrets de la vie courante, démontrer que la réflexion éthique était omniprésente dans nos actions qu’elles soient professionnelles ou non.
C’était un moment très enrichissant, à refaire. »
Béatrice BREDA,
Secrétaire